Cette année, nous fêtons le 60ème anniversaire de la première ascension du Mont Everest par Edmund Hillary et le Sherpa Tenzing Norgay en 1953. En 1998, un scout de 12 ans a entendu parler de l’Everest. Ce garçon, c’était Rhys Jones qui a gravi le Mont Everest pour son 20èmeanniversaire et a établi un record: il est la plus jeune personne à avoir gravi les plus hautes montagnes des sept continents de la planète.
Le Mont Everest, ce n’est pas pour les âmes sensibles.
Il s’agit d’un endroit hostile, impitoyable. Un endroit où la mort se lit sur les visages des corps gelés qui jonchent le chemin vers le sommet.
À part le manque d’oxygène (la haute altitude peut vous faire perdre vos sens), les avalanches, les chutes de rochers, les vents de force 12, les glaciers glissants, les blizzards, les engelures, les pneumonies, l’épuisement et les températures extrêmes attendent les alpinistes dans la « zone de mort ».
« Cette zone est appelée la « zone de mort » mais la réalité est encore pire », explique Rhys Jones. « Grimper ces montagnes interminables avec peu d’oxygène, c’est comme nager dans la colle. Il y a de la glace dans les tentes. La situation est misérable. Vous n’avez pas d’appétit, vous ne pouvez pas vous reposer comme il le faut et il fait horriblement froid ».
Mais lui, il a osé, et il a gagné. Pour Rhys, qui avait rêvé de grimper au sommet de la plus haute montagne du monde depuis qu’il avait 12 ans, toutes les difficultés valaient la peine de passer cinq minutes au sommet, à 8 850 m.
« J’ai entendu parler du Mont Everest lorsque j’étais scout », dit-il. « Je ne savais pas grand chose sur les montagnes jusqu’alors. Mais j’ai décidé que je voulais gravir l’Everest un jour, et ce qui m’est arrivé par la suite est le résultat des efforts entrepris pour atteindre ce but ».
Le but n’était pas uniquement de conquérir l’Everest, mais de devenir la plus jeune personne à avoir relevé le défi des sept sommets en gravissant les plus hautes montagnes sur chacun des sept continents de la planète.
Le Mont Everest devait être le dernier des sept, et il devait tout d’abord réunir la somme de 30 000 livres Sterling.
« J’ai envoyé des centaines de lettres à des sponsors éventuels, mais cela ne m’a pas porté chance », dit-il. « Puis la société INEOS est intervenue en garantissant que je pourrais effectuer la montée ».
Le président d’INEOS, Jim Ratcliffe, a accepté de rencontrer Rhys pour discuter de l’expédition prévue.
« Je ne savais absolument pas à quoi m’attendre lorsque je l’ai rencontré » dit Rhys. « Je me souviens d’ être venu en costume dans ma vieille voiture, alors qu’il portait un jean et un T-shirt ».
Les deux hommes ont parlé pendant une heure.
« J’avais l’impression qu’il comprenait tout et il semblait très intéressé tout au long de la conversation; c’était impressionnant, surtout en pensant à tout ce qu’il avait à faire par ailleurs », explique Rhys.
« J’ai également compris qu’il était entouré d’excellents collaborateurs étant donné qu’il a pu passer une grande partie de la journée à discuter avec moi ».
L’entrevue s’est conclue par un parrainage d’INEOS à hauteur de 30 000 livres.
« Tout a changé », nous dit Rhys.
Avec l’argent en poche, et un drapeau INEOS à planter au sommet, Rhys pouvait désormais se concentrer sur sa future ascension.
En mai 2006, Rhys, trois autres alpinistes, deux guides et cinq sherpas ont quitté le camp de base de l’Everest.
« Nous étions la première équipe de l’année à grimper au sommet. Alors, nous avons dû fixer une corde tout au long du chemin et effectuer un tracé dans la neige, ce qui était très éprouvant », dit-il.
« Depuis ce jour, cette expérience me sert à bien déterminer ce qui est difficile ou pas ».
Avant tout, l’équipe a laissé la peur derrière elle.
« Pour réussir, il faut rester positif », dit Rhys.
« Habituellement, une prise de risque est la clé du succès », affirme Rhys Jones.
« Bien entendu, j’ai eu des inquiétudes et des frayeurs. J’ai failli, par deux fois, être pris dans une avalanche. Des gens meurent sur l’Everest, mais je me souviens avoir été très objectif par rapport à cela. Je tenais le compte des échecs et des réussites, et j’avançais à tâtons », poursuit-il.
« Je n’espérais qu’une seule chose : que la météo soit favorable et que je ne finisse pas au mauvais endroit au mauvais moment ».
Si ses projets soigneusement préparés étaient allés à vau-l’eau, ce qui peut arriver extrêmement vite sur l’Everest, Rhys aurait fait demi-tour, peu importe la distance qui le séparait du sommet.
« Aucune montagne ne vaut la peine de perdre mes doigts, mes orteils ou ma vie », affirme-t-il. « Je recommencerais tout simplement. La montagne ne va pas s’en aller. Malheureusement, l’Everest semble inciter des gens intelligents à prendre des risques stupides ».
Jusqu’à présent, l’Everest a tué plus de 200 personnes et environ 150 corps n’ont jamais été retrouvés.
« Pour gravir l’Everest, il vous faut une grande force de caractère qui vous dissuade d’abandonner, sauf si les choses deviennent trop dangereuses », dit-il.
« Dans le cas contraire, il faut y aller et s’accrocher ».
Rhys a atteint le sommet enveloppé dans les nuages le 17 mai 2006 à 15 h, après une ascension finale de 16 heures.
Son soulagement était immense.
« J’étais vraiment soulagé d’avoir atteint le sommet, mais je savais aussi qu’il était déjà tard et qu’une longue descente m’attendait », nous explique-t-il. « J’ai déroulé le drapeau d’INEOS, enlevé mon masque à oxygène, pris quelques photos, remercié Dieu pour tout cela et je suis redescendu ».
Aujourd’hui, Rhys a créé sa propre entreprise, RJ7 Expeditions, qui dispose de bureaux sur quatre continents et aide les gens à planifier des expéditions.
« Notre société n’est pas comparable à INEOS, mais notre croissance est agressive », dit-il avec le sourire.
Les leçons apprises lors de l’ascension l’ont aidé à créer son entreprise.
« Il y a des points communs entre les deux aventures », déclare-t-il. « Gérer une équipe dans un environnement à haut risque, atteindre des objectifs et être ambitieux, ce sont des choses qui s’appliquent dans les deux cas ».
Il considère également que la prise de risques est nécessaire dans la vie.
« Habituellement, la voie vers le succès implique une certaine prise de risque », dit-il.
« Les risques que j’ai pris en grimpant étaient parfois une question de vie ou de mort, les risques que je prends dans mon travail sont plutôt d’ordre financier. Mais je les gère de la même façon, et je me concentre sur les faits, les probabilités, les conséquences, puis je prends une décision ».
Il estime qu’aujourd’hui de nombreuses sociétés échouent en raison de problèmes de gestion et d’un manque d’objectifs.
« Une équipe peu motivée représente un gaspillage d’argent, mais le problème peut être résolu à peu de frais », dit-il.
« Un manque d’objectifs représente également un piège, car de nombreuses sociétés tentent de récupérer ce qu’elles peuvent dans le contexte actuel, au lieu de se concentrer sur leurs points forts ».
Rhys est, et a toujours été, guidé par sa passion.
« Pendant toutes ces années où j’ai grimpé, je n’ai jamais eu le sentiment d’avoir conquis une montagne », dit-il. « J’ai juste la chance d’avoir profité de cette ascension et d’avoir été capable de me tenir au sommet pendant quelques instants ».