Au cours des 25 années écoulées, INEOS a surmonté les limites, encore et encore. Le groupe a prouvé au monde que tout ne dépend pas des idées. Mais de leur concrétisation. Le personnel d’INEOS adore les défis.
Sir Jim Ratcliffe, président, Andy Currie et John Reece savaient qu’après leur acquisition des actifs de BP dans le secteur chimique en 2005, tout allait changer.
En effet, ce contrat colossal, pour lequel ils ont levé $9 milliards en 30 jours, a peut-être constitué le catalyseur de chaque défi relevé par INEOS. Parce qu’INEOS ne se demande pas « pourquoi ». Mais plutôt, « pourquoi pas ». Et l’entreprise prouve sans cesse que rien n’est impossible.
Le contrat Innovene
Du jour au lendemain, INEOS est devenue la quatrième plus grande entreprise chimique du monde
En matière de contrat, on ne peut guère faire plus grand, ou mieux, que la décision d’INEOS de racheter l’activité chimique mondiale de BP en 2005. La pétrochimie n’avait plus la cote auprès des gros conglomérats tels que BP, qui souhaitait se retirer afin de s’axer sur les secteurs du pétrole et du gaz rapportant le plus d’argent. BP avait prévu d’introduire Innovene en bourse à Wall Street, mais les copropriétaires d’INEOS, Sir Jim Ratcliffe, Andy Currie et John Reece, ont convaincu le groupe de plutôt leur vendre l’entreprise. En seulement 30 jours, trois banques ont accepté de leur prêter $9 milliards, et ce bien qu’INEOS n’ait pas visité un seul des sites.
« Je me rappelle que nous avons dû discuter avec la Banque d’Angleterre avant de transférer les $9 milliards à BP, parce $9 milliards, c’est tout de même une somme » se remémore John. Brian Gilvary, aujourd’hui président d’INEOS Energy, travaillait chez BP au moment du contrat.
« Ce fut un coup de maître, » dit-il, « qui surprit beaucoup de monde. » John McNally, lui aussi employé de BP à l’époque, ne regrette pas qu’INEOS ait acheté son ancienne entreprise.
« Chez BP, on finissait par ne plus savoir qui prenait les décisions » déclare-t-il.
« Avec INEOS, tout est bien plus direct. Vous discutez avec les propriétaires et vous obtenez une décision. J’apprécie beaucoup cet aspect. Je l’ai toujours apprécié. »
Rétrospectivement, Jim explique qu’INEOS n’aurait jamais dû être en mesure de conclure ce contrat, sachant qu’Innovene faisait trois fois la taille d’INEOS.
« À présent, ça n’aurait plus aucune chance de se produire, parce que vous ne pourriez tout simplement pas obtenir de trois banques qu’elles déboursent chacune $3 milliards sur leur propre bilan » affirme-t-il.
Mais le contrat fut transformateur, propulsant INEOS dans la sphère des entreprises pétrochimiques mondiales. « Dans cette histoire, c’est Jonas qui a avalé la baleine » dit Tom Crotty, directeur des communications chez INEOS. « Ça ne s’était jamais produit dans le secteur. »
Pétrole et gaz
En 2015, INEOS repère dans la mer du Nord une nouvelle plateforme pour ses activités. Tandis que les entreprises pétrolières et gazières, poussées par l’augmentation des coûts et la chute des bénéfices, commencent à vendre, INEOS cherche à racheter les actifs devenus indésirables.
« Il y a des années, nous avons récupéré des actifs très intéressants parce que la pétrochimie n’était plus populaire, plus à la mode » explique Sir Jim Ratcliffe, fondateur d’INEOS. « C’est la même situation actuellement pour le pétrole et le gaz, en raison de leur empreinte carbone. »
« Mais le monde ne peut pas vivre sans pétrole ni gaz, du moins pas avant 30 ou 40 ans. À l’heure actuelle, nous avons besoin de 100 millions de barils de pétrole par jour. »
INEOS a tout d'abord acheté tous les gisements de gaz britanniques de la mer du Nord appartenant au groupe DEA. Quelques jours plus tard, Fairfield Holdings Ltd vendait à INEOS ses intérêts de 25 % dans la plateforme de Clipper South.
En 2017, INEOS achète l’ensemble des actifs pétroliers et gaziers en mer du Nord de DONG Energy, entreprise danoise de pétrole et de gaz naturel. Dans un accord distinct avec BP, INEOS acquiert aussi le réseau de pipelines Forties (Forties Pipeline System, FPS) de 380 km, qui fournit au Royaume-Uni 40 % de son pétrole et de son gaz.
Ces acquisitions marquent un tournant et orientent l’entreprise en terre inconnue, mais plein de promesses.
En outre, le contrat conclu avec DONG Energy, qui désirait se concentrer sur les énergies renouvelables, a conforté la position d’INEOS parmi les 10 producteurs majeurs de pétrole et de gaz dans la région à l’époque et a mené à la création d’INEOS Energy.
« INEOS Energy englobe tous les actifs pétroliers et gaziers existants d’INEOS et nous permettra également de devenir une vraie puissance pour la future transition énergétique » déclare Brian Gilvary, un ancien cadre de BP devenu président d’INEOS Energy.
Les navires « Dragon Ships »
L’arrivée des navires transportant de l’éthane américain marque le début de la renaissance des craqueurs de gaz européens d’INEOS, alors en difficulté. Les autres entreprises estimaient que le transport outre-Atlantique d’immenses quantités d’éthane liquéfié n’était tout bonnement pas viable.
Mais INEOS a vu une opportunité et a osé penser l’impensable.
D’autres ont depuis rejoint le mouvement, mais INEOS fut le premier. « Nous étions des pionniers » se remémore David Thompson, chargé de superviser le projet.
« Nous nous occupions des pipelines, du fractionnement, des terminaux, de l’infrastructure et des navires.
Nous devions tout gérer. » La Chemical Industries Association du Royaume-Uni a décrit le projet comme l’un des investissements les plus significatifs dans la production depuis dix ans.
Cinq années furent nécessaires pour le concrétiser, sur trois continents, impliquant des milliers de personnes, à un coût de $2 milliards, et avec 10 000 emplois directs et indirects sauvés en Écosse.
« Ce fut une vraie collaboration internationale et l’un des plus grands projets d’ingénierie au monde » dit David.
À l’heure actuelle, la flotte croissante de navires multigaz d’INEOS, des navires tels que le monde n’en avait encore jamais vus, transporte régulièrement l’éthane à prix compétitif des États-Unis vers l’Europe.
« Je pense qu’INEOS était l’une des rares entreprises au monde en mesure de réussir ce projet » déclare le fondateur d’INEOS, Sir Jim Ratcliffe.
Le Grenadier
Certaines des idées les plus brillantes d’INEOS ont vu le jour dans un pub. C’est la genèse de son 4x4, conçu autour d’un gin tonic au pub The Grenadier, à Londres, près du siège de l’entreprise. Les spécialistes du secteur affirmaient que c’était impossible. Les entreprises chimiques ne construisent pas de voitures de A à Z, point. Mais INEOS ne se préoccupe pas de ce que pensent les autres. Pour preuve : le Grenadier est désormais disponible à la vente.
« J’ai un respect infini pour ce qu’a accompli INEOS » déclare Quentin Willson, journaliste automobile primé, qui a aussi présenté Top Gear pendant une décennie.
« Et à mon avis, n’importe qui dans l’industrie qui ne se voile pas la face vous dirait à quel point c’est impressionnant. »
L’histoire du Grenadier INEOS est peut-être, en effet, du jamais vu.
Mais c’était une opportunité de placer la barre encore plus haut à laquelle le fondateur d’INEOS, Sir Jim Ratcliffe, n’a pas pu résister.
Après tout, pourquoi est-ce qu’INEOS ne pourrait pas construire l’héritier spirituel du Land Rover Defender, l’un des 4x4 les plus emblématiques au monde ?
Lorsque Sir Jim Ratcliffe a quitté le pub ce soir-là, les rouages de son esprit tournaient déjà.
INEOS Sport
INEOS se prépare à racheter 25 % du club de football Manchester United. L’entreprise détient déjà l'intégralité de l’OGC Nice, club de Ligue 1 en France, l’intégralité du FC Lausanne-Sport, club de Super League suisse, et dispose d’un partenariat avec le Racing Club d’Abidjan, club de Ligue 1 en Côte d’Ivoire.
INEOS n’excelle pas uniquement en affaires. Le groupe sait aussi montrer la voie, et bousculer les idées reçues, dans le monde du sport. Et ce dans plusieurs sports. Aujourd’hui, INEOS concourt sur la route, la pelouse, le circuit et l’eau, et aide son équipe d’athlètes de renommée internationale, que ce soit en course, dans le cyclisme, le rugby, le football, en Formule 1 ou dans la voile, à accomplir l’extraordinaire.
Tout cela est absolument logique pour INEOS, qui a justement annoncé un accord avec Manchester United alors que cette publication INCH était mise sous presse.
« Cet aspect nous aide beaucoup dans nos échanges avec de hauts dirigeants en Chine ou au Moyen-Orient, parce qu’INEOS ne leur est ainsi pas totalement inconnu » explique le président d’INEOS, Sir Jim Ratcliffe.
« Certains optent pour de la publicité à la télévision, mais nous avons préféré une approche un peu différente. »
INEOS a commencé modestement en investissant dans des sports communautaires.
« Ce fut l’un des postes assez amusants que j’ai occupés après la transition d’INEOS au siège suisse » raconte David Thompson, PDG d’INEOS Olefins & Polymers Asie, qui a été directeur du Lausanne Hockey Club de 2016 à 2021 et président de Lausanne-Sport entre 2017 et 2019.
« On m’avait demandé de tisser des liens avec la communauté locale. »
Depuis cet investissement dans le Lausanne Hockey Club en 2010, INEOS a établi des partenariats avec certaines des meilleures équipes du monde.
Cependant, à l’image de tout ce qu’INEOS entreprend, le groupe a procédé, et continuera ainsi, différemment des autres.
Toutes ses équipes, sous la direction de Sir Dave Brailsford, travaillent à résoudre les problèmes de performance courants en partageant les connaissances et les meilleures pratiques.
C’est pourquoi la technologie qui maintient la voiture de l’équipe de F1 au sol permet de faire s’envoler le voilier d’INEOS Team UK, et aussi pourquoi l’équipe de cyclisme INEOS Grenadiers donne des conseils en nutrition à l’équipe de voile.
Selon les mots de Clark Laidlaw, entraîneur en chef des All Blacks Sevens, le partenariat de performance conclu avec INEOS est unique.
« Cela nous permet d’apprendre de certaines des équipes les plus performantes au monde, dans divers sports » explique-t-il.