INEOS mène ses affaires différemment des autres sociétés et elle y gagne, surtout quand il est question de la façon dont l’entreprise se finance, comme l’a montré la première partie de son accord de refinancement (conclu fin février). John Reece, Directeur financier, examine la question du financement ainsi que le bilan 2011 d’INEOS.
Il est parfois payant d’etre different
Au fil des ans, dans les médias du monde entier, on a pu lire beaucoup de choses à propos d’INEOS et de ses emprunts, mais très peu en ce qui concerne la taille de l’entreprise, sa croissance, son chiffre d’affaires ou ses revenus (avant intérêt, impôt, dépréciation et amortissement).
Pourtant, l’excellent fonctionnement du modèle d’entreprise d’INEOS a été confirmé à maintes reprises. Cela est absolument nécessaire dans le cas d’une entreprise de produits chimiques et cela signifie que la société garde le contrôle de son destin. En bref, elle ne dépend pas d’exigences à court terme d’actionnaires publics.
John Reece affirme que la société INEOS a toujours pu choisir la façon dont elle se finance.
Elle pourrait rechercher un financement sur le marché boursier ou continuer à s’appuyer sur le marché des capitaux. La différence est que l’une des solutions permet à INEOS de garder le contrôle, l’autre non.
« Financer INEOS sur le marché boursier signifierait que nous devrions procéder à une introduction en bourse », explique-t-il. « Ce qui voudrait dire que nous serions confrontés au cycle classique d’une introduction en bourse, où le résultat de chaque trimestre doit être meilleur que le précédent, car il s’agit d’un critère important pour les analystes et les investisseurs boursiers.
Et pour une entreprise de produits chimiques cyclique comme la nôtre, cela est très difficile parce que nous nous concentrons davantage sur la croissance à long terme que sur une progression de trimestre en trimestre. »
INEOS a donc toujours pensé que, si les marchés des capitaux sont ouverts, et si les prix sont intéressants, alors il s’agit du moyen le plus adapté et le plus efficace pour financer son activité.
Et cela lui réussit. C’est de cette façon qu’INEOS a fonctionné ces 14 dernières années.
Fin février, INEOS a réussi à refinancer une grande partie de ses emprunts, une année avant que cela s’avère nécessaire.
La réaction des marchés financiers a été meilleure que prévue. INEOS espérait lever une somme d’à peu près 1 milliard de dollars sur le marché des obligations, mais la réaction des investisseurs a été tellement positive et les prix tellement intéressants qu’INEOS a décidé d’augmenter le montant qu’elle prévoyait de refinancer.
« Il faut choisir le moment opportun, mais la confiance en INEOS était grande et la demande forte », explique-t-il.
La majorité des emprunts d’INEOS provient d’institutions financières et de fonds. Cela date de l’année 2005, quand la société a souscrit une série d’emprunts pour acheter Innovene à BP. Une grande partie de ces emprunts arriveront à échéance au cours des prochaines années.
Pour cette année, l’objectif principal d’INEOS est de choisir le bon moment pour refinancer le reste de ses emprunts (ou la convention de crédit senior) qui s’élèvent à 2,4 milliards d’euros environ. «Tel est notre plan», indique John.
« Nous nous concentrons évidemment sur le coût de l’emprunt et nous essayons de réduire autant que possible nos frais d’intérêt sur la durée.
Mais il faut vraiment profiter des marchés du crédit quand ils offrent des avantages, car ceux-ci sont cycliques. »
Selon lui, l’amélioration de l’économie des Etats Unis avait aidé les marchés du crédit américains à repartir du bon pied, et c’est pour cette raison que la société INEOS s’était tournée vers ceux-ci fin janvier et qu’elle avait refinancé la première tranche de sa dette qui serait arrivée à échéance en 2013. Maintenant, nous n’avons plus aucune dette importante dont l’échéance arrive avant 2014.
Financer une activité comme le fait INEOS ne conviendrait cependant pas à toutes les entreprises.
« Pour une activité cyclique qui doit être gérée sur le long terme, cela convient tout à fait », affirme John.
« Pour d’autres entreprises, où les objectifs sont peut-être différents, comme une société appuyée par des capitaux privés qui désire prendre la voie d’une introduction en bourse, il est possible que cela soit différent. »
John explique qu’INEOS n’envisagerait de modifier la façon dont elle finance son activité que si les marchés du crédit se fermaient.
« Si nous ne pouvions plus refinancer nos emprunts, peut-être que nous y réfléchirions, mais, heureusement, il est peu probable que cela se produise », ajoute-t-il.
Une partie en deux manches - performance financière de 2011
L’année 2011 s’est avérée être une partie en deux manches pour INEOS : pour la société, la première moitié de l’année a été solide, avec deux trimestres records, mais après l’été, le troisième trimestre a connu une baisse considérable et a été suivi d’un quatrième trimestre très faible.
INEOS est une société qui s’attend à des hauts et des bas, en fonction de l’économie mondiale. Tout dernièrement, il a été difficile de faire des prévisions d’un trimestre sur l’autre, surtout en Europe.
Toutefois, les causes principales de la faiblesse du deuxième semestre se trouvent hors du contrôle d’INEOS.
Hormis des pertes en raison de difficultés opérationnelles liées à l’approvisionnement en matières premières à Grangemouth, en Écosse, ou des problèmes avec un fournisseur à Cologne, en Allemagne, la société a été sérieusement touchée par la crise de l’euro et la decision de la Chine de mettre les freins.
« Le commerce au dernier trimestre 2011 a été competitive », précise John Reece. « Les incertitudes économiques et politiques dans le monde ont altéré la demande dans un certain nombre de secteurs.
Par ailleurs, les actions du gouvernement chinois ont carrément annulé la demande pour certains de nos produits en Extrême-Orient avec pour conséquence la baisse des prix des produits. »
Pour l’Amérique, toutefois, c’est une autre histoire.
Alors que la crise de l’euro a touché l’activité commerciale à travers le continent, avec de nombreux acheteurs cherchant à réduire les stockages (entraînant une baisse de la demande et une réduction des taux de production), les businesses d’INEOS en Amérique du Nord ont pu maintenir de bonnes marges parce qu’elles ont pu continuer à profiter d’approvisionnements en gaz moins cher et d’une économie de plus en plus sûre.
Le marché est resté stable avec des marges au dessus du milieu du cycle. Les dérivés d’éthylène sont aussi restés compétitifs sur les marchés de l’exportation.
Dans l’ensemble, 2011 a été une bonne année, le groupe INEOS affichant un revenu avant intérêt, impôt, dépréciation et amortissement, de 1,7 milliard de livres sterling, en légère augmentation par rapport à l’année précédente.
Et jusqu’ici, cette année, INEOS se porte bien.
« Au début de l’année 2012, le marché s’est considérablement amélioré par rapport au dernier trimester », précise John.
« Pour tout le groupe, la moyenne mobile des volumes de commandes hebdomadaires sur quatre semaines pour les quatre premières semaines de janvier est la plus élevée de ces cinq dernières années. »
En Amérique du Nord, les marges d’INEOS Olefins & Polymers ont bénéficié de l’augmentation du prix du polyéthylène, de la baisse du coût de l’éthane et d’un resserrement de l’offre en raison d’une saison avec de nombreux grands arrêts dans le secteur. Toutes les usines européennes d’INEOS Olefins & Polymers tournent bien et ont connu, en février, d’importantes augmentations du prix de vente.
Au niveau des produits chimiques intermédiaires, les quatre principaux businesses bénéficient également de meilleures conditions commerciales.
Les ventes de Phenol sont 20% supérieures à celles de décembre et les marges sont meilleures sur des marchés tendus.
Les taux de production pour les Nitriles sont également passés de 60 % au 4ème trimestre à près de 100 % en février. Les prix continuent à monter dans toutes les régions, et la demande continue à se rétablir, l’approvisionnement étant limité par de grands arrêts.
L’amélioration des conditions du marché se poursuit également pour Oxide, tandis qu’Oligomers reste solide grâce à de bons volumes et des marges stables.
« Tour ceci est encourageant », dit John. « Cela nous met dans une bonne position pour revenir sur les marchés plus tard cette année et achever notre refinancement ».