INEOS l’a fait. Après cinq années de planification, l’arrivée de son premier transporteur de la classe « Dragon » sonne le début d’une nouvelle ère pour l’industrie chimique européenne.
Tandis que l’Intrepid d’INEOS, le plus grand transporteur de gaz multiples au monde, se glissait dans le port de Rafnes, en Norvège, un sentiment d’immense fierté flottait dans l’air.
La vue de cet immense vaisseau, flanqué sur sa coquede 180 mètres du slogan « Shale Gas for Progress », amarré sans encombre était aussi époustouflante que la précieuse cargaison avec laquelle il avait traversé l’océan Atlantique sur 6 000 kilomètres.
L’histoire s’écrivait sous nos yeux.
Pour la toute première fois, de l’éthane issu de gaz de schiste américain avait été envoyé en Europe par bateau.
Pour INEOS, la société qui a travaillé à la réalisation de ce projet, cela représentait l’aboutissement d’un investissement de 2 milliards de dollars.
Pour David, la personne chargée de superviser le projet, voir le navire apparaître à l’horizon était un moment chargé d’émotion.
« Les personnes étrangères à l’entreprise avaient soutenu que c’était impossible, mais à l’instant où l’Intrepid d’INEOS est apparu, tous les doutes se sont dissipés » a indiqué ce dernier. « C’était l’aboutissement de cinq années de travail acharné réalisé par un groupe incroyable de personnes provenant de sept pays différents. »
Il a ajouté qu’il s’était senti incroyablement fier en voyant le navire entrer dans le fjord, escorté de deux remorqueurs qui pulvérisaient de l’eau à 50 mètres de hauteur depuis des canons, ce qui formait un arc-en-ciel au-dessus de la proue.
« En s’approchant de nous, sa sirène a retenti, ce qui nous a donné la chair de poule », a-t-il déclaré. « À ce moment-là, je me rappelle avoir pensé : Nous avons réussi. »
Le président et fondateur d’INEOS, Jim Ratcliffe, a affirmé que l’arrivée du navire, après 14 jours en mer, était un moment d’une importance stratégique tant pour INEOS que pour l’Europe.
« Nous avons vu de quelle manière le gaz de schiste a redynamisé l’industrie manufacturière américaine et, pour la toute première fois, l’Europe peut également accéder à cette source essentielle d’énergie et de matière première », a-t-il indiqué. « L’industrie manufacturière européenne devient toujours moins compétitive et nous pensons que le gaz de schiste américain pourrait contribuer à inverser la tendance. »
Avant d’ajouter : « Je suis extrêmement fier de tout le personnel ayant participé à cette aventure. J’estime qu’INEOS est l’une des rares sociétés au monde à avoir pu mener à bien ce projet en le couronnant de succès. »
INEOS préparait cette journée depuis cinq ans.
Les navires sont incroyablement complexes. Personne n’avait jamais construit de tels bateaux auparavant. Il s’agit des tout premiers navires à pouvoir transporter d’énormes quantités d’éthane sur des milliers de kilomètres à travers l’océan.
Chaque navire porte un message inscrit sur sa coque : « Shale Gas for Manufacturing, Shale Gas For Chemicals, Shale Gas For Europe et Shale Gas for Progress ». (Gaz de schiste pour l’industrie, Gaz de schiste pour la chimie, Gaz de schiste pour l’Europe et Gaz de schiste pour le progrès).
Avec pour thème commun le gaz de schiste, qui a entraîné la renaissance et la forte expansion de l’industrie manufacturière en Amérique.
Pour le moment, quatre des huit navires de la classe des « Dragons » constituant la flotte d’INEOS ont été construits. Ensemble, ils transporteront 40 000 barils de gaz de schiste américain par jour, et tous les jours durant les 15 prochaines années, vers les deux sites pétrochimiques d’INEOS situés en Norvège et à Grangemouth en Écosse, au Royaume-Uni.
D’ici 2020, INEOS espère pouvoir importer près de huit cargaisons par mois depuis les États-Unis en vue d’approvisionner ses infrastructures pétrochimiques européennes et une usine d’éthylène détenue par Exxon Mobil Corporation en Écosse.
Lorsque les premières cargaisons d’éthane liquéfié, refroidi à -90 ºC, arriveront finalement à Grangemouth plus tard dans l’année, l’usine passera d’une activité déficitaire à une activité rentable du jour au lendemain.
« Cela lui permettra de récupérer une place de premier ordre mondial dans les infrastructures pétrochimiques », a indiqué Jim.
Les craqueurs de gaz d’INEOS situés en Norvège et en Écosse ont été tributaires, par le passé, du gaz en provenance de la mer du Nord mais ces réserves se sont amoindries. Le gaz des États-Unis complétera l’alimentation réduite en gaz provenant de la mer du Nord.
Le réservoir de stockage d’éthane sur le site de Rafnes peut contenir 19 000 tonnes de gaz liquéfié, tandis que celui de Grangemouth est en mesure d’en stocker 33 000 tonnes.