Un article co-rédigé par Julian Callow, Head of European Economics, et Sreekala Kochugovindan, vice-président, global asset allocation Strategy, tous deux au sein de Barclays Capital
L’économie européenne s’est considérablement ralentie au cours des deux derniers trimestres. Selon les prévisions, le PIB devrait se contracter légèrement en 2012. En décembre, la Banque centrale européenne a baissé son taux d’intérêt directeur de 0,25 % en plus, et d’autres réductions sont attendues en 2012.
La stagnation de la croissance économique dans l’ensemble de la zone euro se caractérise par des différences notables en termes de croissance entre les États membres. L’Allemagne, la Finlande, l’Autriche et les autres pays dits « du centre » devraient enregistrer une meilleure croissance que les pays du sud, tels que l’Italie, l’Espagne, la Grèce et le Portugal. Ces divergences en termes de croissance s’expliquent principalement par: (a) des différences en termes de compétitivité économique, (b) le degré d’endettement des États et de certaines parties du secteur privé, et (c) la différente nature des chocs qui ont frappé les marchés financiers. La prévalence d’importants déficits de la balance courante en Grèce, au Portugal et en Espagne indique que d’autres ajustements importants sont nécessaires, étant donné les niveaux élevés de la dette extérieure de ces pays.
Les coûts de financement des États varient considérablement parmi les pays dits du centre et les pays du sud. Par exemple, les coûts de financement à 2 ans du gouvernement italien dépassaient les 7 % en novembre, avant de retomber au niveau actuel de 6 %. En comparaison, les taux de l’Allemagne tournent autour de 0,3 %. Par conséquent, les entreprises en Italie et dans d’autres pays du sud seront également confrontées à des taux de financement considérablement plus élevés que leurs homologues allemands, néerlandais ou autrichiens. Les entreprises qui envisagent d’étendre leurs activités à l’avenir risquent de faire preuve de prudence quant à l’investissement en Europe méridionale jusqu’à ce que les gouvernements puissent montrer qu’ils contrôlent la politique fiscale et qu’ils mettent en œuvre une importante libéralisation économique.
Les causes de la faible croissance de la zone euro et des différences entre les pays sont nombreuses et entremêlées. Ceci dit, les plus importantes causes sous-jacentes sont actuellement les suivantes:
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La croissance de la demande extérieure s’est considérablement ralentie au cours des derniers trimestres. La forte hausse des pressions inflationnistes mondiales au cours du premier semestre de 2011 a érodé le pouvoir d’achat réel des consommateurs. Par ailleurs, la hausse des taux d’intérêts a nui à la demande mondiale, particulièrement dans les marchés émergeants les plus importants. Ce ralentissement de la demande extérieure s’est particulièrement fait ressentir dans les économies de premier plan basées sur les exportations, telles que l’Allemagne, et se reflète notamment dans les carnets de commandes des usines allemandes (Figure 1).
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Durant l’été et l’automne, il est devenu évident que l’Espagne, l’Italie, le Portugal, la Grèce et la France devraient annoncer d’autres mesures d’austérité pour répondre aux préoccupations croissantes des investisseurs concernant la viabilité de leurs finances publiques. Cette situation devrait se traduire par une réduction d’environ 1 point de pourcentage de la croissance économique réelle en 2011-2012.
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L’intensification de la crise de la dette souveraine au 4ème trimestre de 2011 place certaines parties de la zone euro à la veille d’un important resserrement des normes de crédit.
Toutefois, malgré ces évolutions défavorables dans la zone euro, la situation d’autres régions du monde, comme celle des États-unis et de la majorité des pays d’Asie, s’est considérablement stabilisée.
Certains de ces effets sont temporaires, tels que la forte augmentation de l’activité liée aux efforts de reconstruction au Japon. Toutefois, la baisse de l’inflation mondiale devrait stimuler la croissance de la demande tout en permettant aux banques centrales des économies émergeantes d’assouplir leur politique (comme cela se produit déjà avec la réduction des réserves obligatoires des banques chinoises). La hausse des ventes au détail enregistrée ces derniers mois aux États-unis illustre cette tendance. Étant donné la modeste reprise de la demande mondiale, il semble probable que la zone euro serait en mesure d’éviter une grave récession si la contagion des problèmes du secteur financier de la Grèce, de l’Italie et de l’Espagne peut être contenue grâce à des mesures résolues.
En conclusion, nous continuons à faire preuve d’une grande prudence quant à l’avenir de l’Europe, y compris celui de l’Europe centrale et de l’Est (matériellement liées à la zone euro). Les investisseurs et les entreprises internationales devraient continuer de cibler les marchés émergeants d’Asie et d’Amérique latine dont l’essor est plus rapide et où le contexte politique est stable. Parmi les pays développés, les investisseurs se centreront probablement sur le Canada, l’Australie et la Nouvelle-zélande, et les pays nordiques.