L’INDUSTRIE chimique est un milieu traditionnellement masculin. Mais les choses sont en train de changer. Et les femmes qui travaillent dans le secteur depuis plusieurs dizaines d’années sont bien placées pour le confirmer. « Quand j’ai débuté ma carrière il y a 30 ans, j'acceptais beaucoup de choses comme « normales », simplement parce qu’il n’existait pas d’autre modèle », explique Kathryn Shuler, directrice générale de la Fondation INEOS ICAN. « Mais à présent, quand j’y repense, c’était tout sauf normal, et la façon dont on traitait les femmes était inacceptable. »
Aujourd’hui, grâce à des efforts soutenus pour recruter plus de femmes, le nombre de femmes ingénieurs en chimie employées par INEOS n’a jamais été aussi élevé.
« L’industrie chimique est encore dominée par les hommes, mais les choses sont en train de changer, ce qui est très positif », affirme Sharon Todd, PDG de la SCI (Society of Chemical Industry), un pôle d’innovation mondial fondé pour créer plus de passerelles entre la recherche scientifique et l’industrie, et mieux répondre aux besoins concrets de la société.
« Le secteur a simplement besoin de changer plus vite. »
INEOS fait tout son possible pour combler le fossé hommes-femmes, mais sait aussi qu’il y a encore beaucoup de travail à faire.
Il y a quelques dizaines d’années, entrer dans un monde où très peu de femmes avaient déjà travaillé n’était pas sans difficulté.
Anja Hilden, qui travaille pour INEOS à Cologne en Allemagne, se souvient qu'elle était souvent la seule femme de son service lorsqu’elle est devenue ingénieur en chimie il y a près de 30 ans.
« Ce qui était difficile, c’est que je n’avais aucun modèle féminin pour me donner l’exemple à suivre », explique-t-elle.
Les femmes devaient aussi surmonter des obstacles supplémentaires si elles décidaient de fonder une famille, parce que tout le monde partait du principe que ce serait principalement elles qui s’occuperaient de l’enfant.
« Le problème ne concerne pas seulement INEOS », déclare Anne-Gret Iturriaga Abarzua, directrice de la communication à INEOS Cologne.
« C’est toute la société qui doit changer. »
Quantaze Watts, directeur mondial des talents pour INEOS Styrolution, pense que les stéréotypes sont encore enracinés dans l’inconscient collectif.
« C’est comme quand on est enfant ! Si une petite fille veut un camion dans un magasin de jouets, combien de fois lui répondra-t-on que les camions, c’est pour les garçons ? », dit-il.
« Nous devons aller vers toutes ces petites filles et leur dire que si c’est ce qu’elles ont envie de faire, elles peuvent le faire : l’ingénierie n'est pas réservée aux hommes. »
La professeure Petra Skiebe-Corrette, directrice de NatLab, un laboratoire scientifique informel de la Freie Universität Berlin, pense que le problème commence dès qu’un enfant prend conscience
de son identité sexuelle.
« Il est important d’offrir aux filles une véritable expérience en STIM avant même qu’elles n’intègrent tous les stéréotypes liés au sexe, pour leur montrer qu'elles en sont capables et qu'elles peuvent y prendre plaisir », explique-t-elle.
Depuis plus de 14 ans, INEOS participe à un programme allemand baptisé TuWas! L’entreprise est convaincue que promouvoir les sciences à l’école est essentiel pour éveiller l’intérêt des enfants – des garçons comme des filles – dans les carrières STIM. « De toutes les entreprises qui participent au projet TuWas! – et je crois qu’il y en a plus de 80 – INEOS est celle qui soutient le plus grand nombre d’écoles », ajoute Petra.
Sharon, diplômée en chimie de l’université de Southampton en 1988, pense aussi que la diversité du personnel est un véritable atout.
« Nos fondateurs étaient créatifs, inventifs et valorisaient la diversité », affirme-t-il. « Ils avaient compris que la diversité jouait un rôle important pour l’innovation. »
Selon elle, le secteur tout entier a un problème d’image et ne sait pas se vendre auprès des jeunes gens, qu’ils soient hommes ou femmes.
« Le secteur doit montrer qu’il offre aux jeunes gens l’opportunité unique de contribuer à la société et au changement positif grâce à l’innovation, dans un environnement de travail où les jeunes scientifiques et ingénieurs peuvent non seulement utiliser leurs compétences, mais aussi mener une carrière réellement gratifiante », ajoute-t-elle.
À ses yeux, c’est un challenge d’importance capitale.
« Nous avons besoin de ce flux de diversité », explique-t-elle. « Nous avons besoin de diversité à tous les niveaux : chez nos nouvelles recrues, aux échelons hiérarchiques intermédiaires et chez nos équipes dirigeantes. »
Selon elle, les individus aux origines et parcours variés peuvent initier la nouvelle vague d’innovations scientifiques dont nous avons besoin pour relever les grands défis sociétaux du changement climatique et de la santé mondiale.
« Les profits sont une chose, mais le secteur a aussi un vrai rôle d’intérêt général à jouer », dit-elle avant d’ajouter : « Si nous promouvions la diversité des opportunités d’emploi, la richesse des expériences que le secteur peut offrir, et sa capacité à influencer le changement positif, je pense que plus de femmes viendraient frapper à la porte. »
LES femmes ont peut-être dominé les Grammy Awards de 1971, mais ailleurs, les opportunités restaient rares pour les Américaines – et plus particulièrement pour celles qui souhaitaient faire carrière dans des professions traditionnellement masculines. Kathryn Shuler en a gardé une conscience aiguë tout au long de sa scolarité.
Même ses parents voulaient la dissuader de suivre un parcours scientifique. Les métiers techniques s’adressaient aux garçons. Pas aux filles.
Pour apaiser ses parents, elle décida de faire des études de commerce à l’université. Mais l’attrait de la science était trop fort, et elle finit par changer de majeure pour étudier la chimie.
Elle espérait aussi que la société américaine changerait après l’adoption de la loi Title IX en 1972, texte historique sur les droits civils interdisant la discrimination sexuelle dans les écoles et l’enseignement supérieur.
« Avant l’adoption de cette loi, les universités étaient libres de refuser l’inscription des filles à certains cours », explique-t-elle.
« On pouvait donc arbitrairement empêcher les femmes d’étudier l’ingénierie ou de suivre des cursus scientifiques. On supposait généralement qu’elles n’allaient à l’université que pour trouver un mari, et que si elles s'inscrivaient à des cours scientifiques ou techniques, c’était simplement pour mettre le grappin sur un homme à l’avenir prometteur. » Mais en dépit des changements législatifs, les attitudes n’évoluaient pas beaucoup.
« Les femmes qui s’intéressaient aux sciences ou à l’ingénierie ne recevaient aucun encouragement », poursuit-elle.
« Quand le professeur nous donnait du travail de groupe, mes camarades masculins préféraient ignorer mes idées, et parfois, ils se réunissaient même sans moi. »
Mais Kathryn était bien décidée à terminer ses études, et en 1984, elle quitta l’université de Pittsburgh avec un diplôme de biochimie en poche.
Elle fut d’abord embauchée par le petit laboratoire d’analyses d’une entreprise japonaise, où elle découvrit plus tard que les hommes touchaient 0,50 $ de plus par heure que les femmes.
« À l’époque, c’était l’équivalent des mensualités à payer pour l’achat d'une voiture », se souvient-elle.
Un an plus tard, elle travaillait comme laborantine dans le centre de recherches d’une entreprise métallurgique nationale, où elle était responsable de matériel d’analyse spécialisé.
« J’étais très fière du travail que je faisais », confie-t-elle.
Pour faire son travail, elle avait besoin d’un ensemble d’instruments spécialisés, qui n’arrêtaient pas de disparaître.
« Un collègue m’a dit qu’il les avait prêtés à quelqu’un d’autre, mais qu’il ne se souvenait plus à qui », poursuit-elle. « J’en suis arrivée au point où je ne pouvais plus faire mon travail, parce que je n’avais plus d’instruments. »
Heureusement, son patron s'est montré compréhensif, a remplacé les instruments, et a donné à Kathryn un endroit où les ranger sous clé.
Elle se souvient avoir ressenti beaucoup de frustration à l’époque, mais aujourd’hui, elle comprend mieux où son collègue voulait en venir.
« C’était juste un moyen très passif-agressif de me dire que je n'avais rien à faire ici ».
En dépit de l’atmosphère négative dans laquelle elle baignait, elle n’a jamais envisagé de démissionner.
« D’autres femmes partaient parce qu’elles n’étaient pas prêtes à faire face à cette résistance », se rappelle Kathryn. « Mais je n’ai jamais songé à baisser les bras, parce que j’aimais trop mon travail. »
Par la suite, elle a co-inventé plusieurs brevets et a commencé à étudier pour un Master financé par l’entreprise, bien qu’on lui ait clairement signifié qu’elle ne serait jamais promue au rang de scientifique même si elle obtenait son diplôme.
Au final, elle décida de partir et trouva un nouveau poste de chimiste chez un petit fabricant d’équipement d’analyse.
« Nous étions en 1989, et c’était le premier endroit où on me traitait enfin avec le même respect que mes collègues masculins », dit-elle. Deux ans plus tard, elle déménageait à Houston et devenait chimiste chez Solvay.
À l’époque, elle ne se rendait pas compte que ses idées et ses capacités étaient plus agressivement et plus fréquemment remises en cause que celles de ses collègues masculins. Elle pensait qu’il lui suffisait de faire du bon travail pour qu’on la traite comme une égale. Mais l’égalité n’était pas incluse dans les plans initiaux du bâtiment !
« Si j'avais besoin d’aller aux toilettes, je devais sortir et aller jusqu’au bâtiment administratif, où se trouvaient les seules toilettes pour femmes », explique Kathryn.
« Il me fallait marcher presque 10 minutes. » Heureusement, quand de plus en plus de femmes ont commencé à rejoindre l’entreprise, la direction a pris les devants, et une partie des toilettes pour hommes a été réattribuée aux femmes.
« Mais certains ont vu cela d’un mauvais œil », dit-elle.
Kathryn a ensuite rejoint le groupe Développement des produits et services techniques (TS&D).
« À part moi, il n’y avait qu’une seule autre femme dans le service ».
Pourtant, après quelques années, elle s’est retrouvée à la tête du groupe TS&D pour le polypropylène.
Après l'acquisition des actifs de Solvay à Houston par BP en 2001, Kathryn a été mutée au centre de recherches de BP près de Chicago. Elle n’est ensuite retournée à Houston que lorsqu’INEOS a racheté la plupart des actifs chimiques de BP en 2005. Aujourd’hui, elle se sent épanouie à son poste chez INEOS, qui lui a donné toute l’autonomie dont elle avait besoin pour faire une vraie différence, année après année.
« Au fil du temps, j’ai observé un changement d’attitude majeur dans le secteur », déclare-t-elle. « Certains des problèmes que les femmes rencontraient quand j’ai commencé ma carrière appartiennent désormais au passé. Tout n'est pas encore parfait, mais nous avons vraiment fait beaucoup de progrès. »
Ce que Kathryn apprécie plus que tout aujourd’hui, c’est de voir des hommes et des femmes travailler ensemble – et en harmonie – à des postes d'ingénieurs ou d’opérateurs techniques.
« Les hommes et les femmes sont désormais sur un pied d’égalité qui n'existait pas auparavant », dit-elle.
Mais selon Kathryn, ce qui a vraiment changé la donne, c’est l’engagement d’INEOS pour la diversité.
« C’est une approche qui est parfois mal interprétée », dit-elle. « Certains pensent qu’il s’agit d’une simple façade, mais les implications sont beaucoup plus profondes.
Si vous embauchez des gens aux parcours différents, qui ne portent pas le même regard sur le monde et la vie, vous vous entourez d’un personnel aux idées plus riches et plus variées pour résoudre les problèmes. »
Et selon Kathryn, c'est cela, le vrai pouvoir de la diversité.
« Nous avons besoin de cette diversité de pensée », dit-elle. « Nous avons besoin de gens qui ont l’air différents et qui pensent différemment. La diversité devrait être cultivée sur le lieu de travail parce que c’est un véritable atout. »
La composition de sa propre équipe reflète parfaitement cette approche.
Elle travaille avec un ancien enseignant, un scientifique de l’effort, un concepteur graphique et un expert en RP.
« Aucun d’entre eux ne vient du monde de l’entreprise, mais ce sont des gens fabuleux, aux compétences très spécialisées », dit-elle. Malgré cette évolution positive, Kathryn est convaincue que certaines choses ne changeront vraiment que lorsque les gens prendront conscience de leurs propres préjugés.
« Nous portons tous un regard différent sur le monde qui nous entoure », déclare-t-elle. « Mais nous devons nous assurer que nous ne jugeons pas et ne limitons pas les autres de façon injuste, du fait de nos préjugés.
Nous devons considérer chaque personne comme un individu.
« Il y a encore du travail à faire, mais nous avons déjà fait beaucoup de progrès, et je sais que les futures générations continueront d’avancer dans la bonne direction. »
AUJOURD’HUI, Stacy Putman a une lourde responsabilité : elle développe les leaders de demain pour les entreprises américaines d’INEOS. L’avenir professionnel de plus de 300 personnes est entre ses mains.
« C’est le poste le plus gratifiant que j'ai jamais occupé », confie-t-elle. « J’aide tous ces gens à acquérir les compétences qui leur permettront de diriger avec brio à l’avenir. » Et si elle sait à quel point il est important d’aider, de guider et de soutenir les employés, c’est parce que c’est précisément ce qui lui manquait quand elle a débuté sa propre carrière, il y a 40 ans. À l’époque, elle était entrée dans un monde exclusivement masculin.
« J’avais étudié la chimie à l’école et j’adorais cette matière », explique-t-elle.
« C’était un peu comme un mélange de formules magiques et de recettes de cuisine. » Mais après avoir obtenu une place à l’université des sciences et techniques du Texas, un conseiller d’orientation l’a prise à part.
« Trouve-toi un mari rapidement, puis tu pourras choisir un cursus plus facile. Sinon tu peux aussi laisser tomber tout de suite »,
lui a-t-il dit.
« C’était tellement démoralisant.
Nous étions au début des années 80, pas au milieu des années 40 ! », explique-t-elle. Si elle a effectivement rencontré son mari sur les bancs de la fac, elle n’a pas pour autant changé de cursus, et une fois son diplôme en poche, elle est entrée dans le monde du travail. Mais le chemin n’a pas été facile pour elle.
« L’opinion générale, c’était : si tu n’aimes pas la façon dont on te traite, tu n’as qu’à partir », déclare-t-elle. « Il n’y avait pas d'autre choix. Si une femme arrivait à tenir le coup, peut-être aurait-elle enfin accès à de vraies opportunités. Ou peut-être pas. Les notions de communauté ou de networking n'existaient pas vraiment au travail, et les seuls réseaux de contacts étaient exclusivement masculins. » Stacy explique qu’on lui faisait systématiquement comprendre qu’en choisissant de travailler, « elle prenait la place d’un homme ».
« À l’époque, nous acceptions beaucoup de choses que nous ne tolérerions certainement pas aujourd’hui », ajoute-t-elle.
Il y a quelques années, sa carrière a pris un tour imprévu – et particulièrement réjouissant –lorsque le comité de direction d’INEOS O&P lui a demandé de prendre la tête d’une usine de polypropylène en Californie. Cette promotion impliquait un déménagement à « On m’invitait à passer aux commandes et à définir l'avenir de cette usine, à ma propre façon », poursuit-elle.
Personne ne me demandait de suivre docilement l'exemple de mes prédécesseurs masculins. » presque 3 000 km de chez elle.
« J’étais ravie qu’on m’offre une telle opportunité, même si elle représentait aussi un vrai challenge », confie-t-elle. « J’ai dit à mon responsable que j'avais déjà beaucoup appris en observant les directeurs d’autres sites. » Mais ce n'est pas ce qu’il voulait entendre.
Il ne voulait pas qu’elle se contente d’imiter ses homologues masculins. Il voulait qu’elle forge sa propre voie. Qu’elle soit elle-même.
« On m’invitait à passer aux commandes et à définir l'avenir de cette usine, à ma propre façon », poursuit-elle. « Personne ne me demandait de suivre docilement l'exemple de mes prédécesseurs masculins. »
Elle s’est donc envolée pour la Californie.
« C’était une expérience entièrement nouvelle pour moi », explique-t-elle. « Je prenais mes propres décisions et je dirigeais toute une équipe qui transmettait ensuite nos recommandations. Jamais je n'avais fait un travail aussi gratifiant de toute ma carrière. »
Et selon Stacy, c’est grâce à l’équipe dirigeante d’INEOS.
« Depuis quelque temps déjà, la direction a vraiment pris conscience de l’importance de la diversité au sein du personnel et du management », déclare-t-elle. « Et je pense que nous commençons tous à en récolter les fruits, quel que soit le site ou le poste occupé. »
Mais elle pense que les femmes passent encore à côté de certaines opportunités parce qu’elles manquent simplement de confiance.
« Ce n’est pas parce que vous n’avez encore jamais vu une femme à tel ou tel poste chez INEOS que vous ne devriez pas poser votre candidature ! », dit-elle.
« Depuis le début de ma carrière, à chaque nouveau poste que j’ai obtenu, j’ai toujours remplacé un homme. Les femmes (et les hommes aussi d’ailleurs !) ne devraient jamais s’interdire une opportunité professionnelle parce qu’elles ne ressemblent pas à la dernière personne en poste. »
« Alors, est-ce qu’une femme peut vraiment devenir responsable de maintenance ? Directrice commerciale ? Ou chef de brigade incendie ? Tout cela est déjà en train de se produire dans notre secteur aujourd’hui.
Mais tant que ces femmes resteront l'exception qui confirme la règle, la société continuera de remettre en question les aptitudes des femmes pour certains postes. Alors, continuons sur la bonne voie, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de règle tacite. »
LES femmes étaient encore minoritaires lorsque Cassie Bradley s’est inscrite en licence d’ingénierie chimique à l’université d’Urbana-Champaign, dans l’Illinois, en 2012. Même si elle avait tout le soutien de ses amis et de sa famille, quand elle parlait de ses études, beaucoup de gens réagissaient avec surprise.
« C’était plus ou moins la réaction par défaut », se souvient Cassie. « Et quand j’y repense, l’effet était plutôt négatif pour moi, parce que cela me donnait l’impression de ne pas être à ma place. » Mais depuis 2015, elle travaille pour INEOS, où son expérience est très positive.
« INEOS est une excellente entreprise pour les femmes », déclare-t-elle.
Mais elle pense qu’INEOS pourrait faire encore mieux, en dialoguant plus activement avec les groupes de femmes qui se sont maintenant créés dans l’entreprise.
« INEOS a beaucoup à apprendre de l'expérience de ces femmes, qui pourraient aider l’entreprise à comprendre pourquoi les postes de haute direction sont encore essentiellement masculins, et plus important encore, à identifier les mesures à prendre pour combler le fossé », explique-t-elle.
Cassie, qui travaillait initialement comme ingénieur de production dans l’usine de polystyrène de Channahon, a lancé Lean Into Success, un groupe de networking féminin chez INEOS Styrolution.
Le groupe INEOS compte aujourd’hui plusieurs initiatives similaires.
« Il est important que les femmes puissent faire partie de ce type d’organisations, qui leur permettent d’apprendre les unes des autres, et de trouver des mentors », déclare-t-elle.
« Même si, au final, nous représentons encore une minorité, nous pouvons créer une vraie communauté et cultiver un précieux sentiment d’appartenance au sein de l’entreprise. »
Selon Cassie, l’une des raisons pour lesquelles les femmes sont encore peu nombreuses dans la haute direction est le manque de visibilité.
« Comme les femmes ne voient pas d’autres femmes dans ces rôles, elles ont du mal à s’imaginer à de tels postes, et ne poursuivent pas ces opportunités », explique-t-elle.
Elle pense que les femmes pourraient s’entraider en apprenant à sortir de leur zone de confort et en prouvant qu’elles ont les aptitudes requises pour diriger.
« Comme on donne rarement aux femmes le bénéfice du doute, il faut souvent qu’elles en fassent plus, plus tôt dans leur carrière, pour qu’on les considère comme de futures leaders », ajoute-t-elle.
Mais Cassie, qui est aujourd’hui directrice commerciale du développement durable pour INEOS Styrolution, est optimiste pour l'avenir d’INEOS, et pour les femmes qui y travaillent. « Traditionnellement, les attentes ne sont pas les mêmes pour les hommes et les femmes, sur le lieu de travail comme à la maison », dit-elle. « Beaucoup de femmes ont un second emploi à temps plein à la maison, parce que ce sont elles qui font tout, mais les répercussions sont lourdes pour leur énergie physique et mentale.
Heureusement, les choses sont en train de changer. Les hommes aussi veulent un meilleuréquilibre vie/travail. Nous voulons tous mener une vie épanouie, au travail comme à la maison. »
FRAN Millar admet volontiers qu’autrefois, elle était autoritaire, brusque et agressive au travail. Elle pensait que c’était le seul moyen de fonctionner dans des environnements essentiellement masculins. « Avant, je fonçais simplement tête baissée », confie-t-elle. « Mais j’étais comme un éléphant dans un magasin de porcelaine : je détruisais tout et tout le monde sur mon passage. » Aujourd’hui, elle est PDG d’INEOS Belstaff et remercie tous ceux qui l’ont aidée à améliorer ses compétences en leadership, au début de sa carrière.
« Ils m’ont aidée à redresser la barre », explique-t-elle. « J’ai eu beaucoup de chance. Ils m’ont montré comment agir et interagir plus habilement avec les gens, sans pour autant renier mes principes ou mon identité. »
Fran a quitté l’école à 18 ans parce qu'elle ne voulait pas aller à l’université.
Elle a d’abord travaillé comme assistante personnelle pour Anthony Boucher et Peter Worth, deux hommes d’affaires du secteur de l’événementiel et du sport, qui représentaient des athlètes d’élite tels que Björn Borg. Lorsque David, le frère de Fran, a remporté le maillot jaune dès la première étape de son premier Tour de France, Anthony a suggéré à Fran de devenir manager pour son frère.
« Pour être honnête, j’étais plutôt lamentable comme assistante personnelle, mais Anthony pensait que j’avais exactement le profil qu’il fallait pour la gestion de talents », explique-t-elle.
Elle a donc lancé sa propre agence de gestion de talents et d’événementiel, FACE Partnership.
À peine deux ans plus tard, elle représentait déjà les plus grands cyclistes britanniques, y compris son frère, Mark Cavendish et Geraint Thomas.
En 2003, elle est tombée sur un nouveau concept, qui proposait d’organiser un grand événement de cyclisme sur piste, réunissant les meilleurs cyclistes internationaux dans l’unique vélodrome britannique aux normes internationales, un samedi soir et dans un nouveau format intégrant des concerts et des divertissements au centre du circuit.
« Tout le monde nous a dit que ce serait un flop, mais au final, le début de l’événement a dû être retardé, parce que la file d’attente à l’entrée était si longue que la sécurité n’arrivait pas à faire rentrer tous les spectateurs dans le vélodrome ! », poursuit-elle.
Revolution est vite devenu l’un des événements de cyclisme sur piste les plus populaires du Royaume-Uni, à une époque où le cyclisme britannique connaissait un succès sans précédent, l’équipe piste dominant toutes les compétitions internationales.
Sous l’égide de Dave Brailsford, le solide programme national produisait des athlètes d’élite dans toutes les disciplines du sport.
En 2007, alors que le Tour de France partait de Londres, avec cinq cyclistes britanniques dans cinq équipes différentes, le moment de former une équipe britannique était clairement venu.
Dave a fait appel à Fran pour ce nouveau projet, et après 18 mois de travail, Team Sky voyait le jour.
Fran, qui avait pris en charge les activités de gestion de projet alors que Dave consacrait toute son attention aux Jeux olympiques de Pékin, a joué un rôle crucial pour mettre la nouvelle équipe cycliste sur pied.
« Nous travaillions 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, et faisions tout notre possible pour assurer le succès de cette grande entreprise », se souvient-elle.
En seulement dix ans d'existence, Team Sky a remporté six Tours, avec quatre cyclistes différents.
Quand Sky a décidé de se retirer du cyclisme, INEOS et Sir Jim Ratcliffe sont immédiatement passés à l’action pour reprendre les commandes de l’équipe, rebaptisée Team INEOS en mai 2019.
INEOS a ensuite demandé à Dave et Fran de développer le concept du Challenge INEOS 1:59, de gérer tout le projet, puis d’organiser l’événement.
« On nous demandait de faire ce que personne n'avait encore jamais été capable de faire », explique-t-elle.
« La tâche était vraiment considérable. Mais cet exploit n’aurait jamais été possible sans Jim et sans INEOS. »
Et c’est cet esprit INEOS – la conviction que rien n’est impossible – que Fran admire plus que tout.
« Je crois en l’entreprise et en ses valeurs : la façon positive dont elle traite les gens et dont elle exerce ses activités », ajoute-t-elle.
Peu après le marathon historique d’Eliud Kipchoge à Vienne, Fran s’est vu proposer un nouveau défi : devenir PDG de Belstaff, l’entreprise de mode d’INEOS.
Sa vie entière a changé en seulement cinq jours : laissant Manchester derrière elle, elle est partie pour Londres et son nouveau poste à la tête de Belstaff.
En dépit de sa brillante carrière, Fran sait que de nombreuses femmes, de nombreuses personnes de couleur, et de nombreuses personnes handicapées font encore face à des obstacles sur le plan professionnel.
« Je n’ai reçu que des encouragements depuis que j’ai rejoint INEOS », déclare-t-elle.
« Chez INEOS, homme ou femme, ça n’a pas vraiment d’importance. »
Mais elle met un point d’honneur à aider là où elle peut.
« Chez Belstaff, nous avons créé un panel de diversité, et veiller à l’équité est important quand on occupe un poste de direction », affirme-t-elle.
« Mais recruter plus de femmes et plus de personnes de couleur pour créer une vraie diversité dans les entreprises commence beaucoup plus bas en aval.
« C'est comme dans le sport. Vous n’aurez pas d’athlètes performants dans un sport particulier si vous ne les développez pas alors qu'ils sont encore débutants. »
ANUPRIYA Gupta vient d’une famille d'ingénieurs en chimie. Son père était ingénieur en chimie, son grand-père aussi, et tous deux ont soutenu son choix lorsqu’elle décide de marcher dans leurs pas. Anupriya travaille maintenant depuis trois chez INEOS O&P à Chocolate Bayou au Texas, dans un milieu essentiellement masculin.
« Comme j’étais fréquemment la seule femme dans la pièce, je ne savais pas toujours quoi faire », dit-elle. « J’hésitais à faire entendre ma voix. J’avais peur que mes idées soient rejetées parce que j’avais une perspective différente.
« En même temps, je me disais qu’il n’y avait qu’une seule façon de le savoir : prendre mon courage à deux mains, et me lancer. »
Et c’est exactement ce qu’elle a fait, demandant d’abord à ses collègues d’apprendre à prononcer son nom correctement, au lieu de lui donner un surnom. « Mon nom est mon identité »,explique-t-elle. « C’est la personne que je suis. Si vous changez mon nom, vous changez mon identité. »
En tant qu'ingénieur des processus, elle est responsable de la performance quotidienne de l’usine et de l'efficacité des opérations.
« Il est arrivé qu’on me regarde bizarrement », dit-elle. « Mais la réaction négative que certaines de mes idées ont reçue a fait de moi un meilleur ingénieur. »
Au cours des dernières années, elle a constaté que les attitudes commençaient à évoluer chez INEOS.
« La transition est bien amorcée », déclare-t-elle. « INEOS avance vraiment dans la bonne direction en termes de diversité sur le lieu de travail. »
Selon Anupriya, la diversité du personnel est un atout considérable.
« Nous avons besoin de gens capables de regarder le même problème depuis différentes perspectives », explique-t-elle.
« Si ce n’est pas le cas, et que tout le monde a la même approche, comment pourrons-nous innover et révolutionner le secteur ? » Anupriya a récemment participé à un salon de l’emploi avec une équipe d’ingénieurs d’INEOS, événement qu’elle a trouvé très encourageant.
« Nous avons vraiment fait passer un message important, car l’équipe se composait principalement de femmes. »
ON dit souvent que lorsqu’une femme veut réussir dans un secteur largement dominé par les hommes, l'assurance est aussi importante que les compétences. Et Gabriela de Gouveial, qui a rejoint INEOS Styrolution en Suisse en mai 2022, le confirme.
« Dans ma carrière, j’ai parfois été victime de préjugés, en dehors de l’entreprise », confie-t-il. « Mais j’ai appris que pour bien gérer ces situations, il fallait garder confiance en soi. » Le problème est que, comparées aux hommes, les femmes manquent souvent d’assurance. Gabriela, qui est responsable commerciale des produits, gère l’offre et la demande pour toute une gamme de produits plastiques.
En plus de fixer les prix et d’analyser le marché, elle joue le rôle d’intermédiaire entre l’équipe de vente et l’équipe supply chain. Elle trouve parfois difficile de travailler dans un milieu essentiellement masculin, mais ne tarit pas d’éloges sur l’approche d’INEOS envers les femmes sur le lieu de travail.
« Les femmes sont généralement bien reçues, et on les encourage à s’améliorer et à se développer », déclare-t-elle.
Elle espère cependant que plus de femmes chercheront à faire carrière dans l’industrie chimique.
« Si de plus en plus de femmes choisissent cette filière et brisent les stéréotypes, elles seront de mieux en mieux acceptées dans le secteur », conclut-elle.
« Elle trouve parfois difficile de travailler dans un secteur essentiellement masculin, mais ne tarit pas d’éloges sur l’approche d’INEOS envers les femmes
sur le lieu de travail. »
LUCY Ineson avait toujours aimé les sciences à l’école, et pourtant, elle est devenue coiffeuse. Pendant deux ans, elle a appris le métier, mais le cœur n’y était pas. Elle avait besoin d’un défi un peu plus stimulant. Sans aucune certitude, elle est retournée à l’école pour étudier les maths, la chimie et la biologie à Wyke College, dans l’est du Yorkshire, au Royaume-Uni – et à peine un an plus tard, elle entrait en apprentissage comme opératrice de ligne au parc chimique Saltend d’INEOS Acetyls.
« L’apprentissage m’a aidée à me faire une idée plus claire de l’industrie chimique », explique-t-elle. « J’ai beaucoup appris sur la communication, le travail d’équipe et la sécurité. »
À 22 ans, elle est maintenant technicienne à temps plein dans l’usine.
Son rôle consiste à surveiller l’usine, avec ses collègues, pour assurer la conformité des opérations aux stricts paramètres et consignes en vigueur.
Le parc Saltend d’INEOS Acetyls est le plus grand fabricant européen d’acide acétique, d’anhydride acétique
et d’acétate d'éthyle. Ces substances chimiques sont utilisées dans de nombreux produits de consommation courante, tels que la lessive, le paracétamol, la peinture ou le dissolvant pour vernis à ongles.
L’usine de Hull emploie beaucoup d’opérateurs, mais peu d'opératrices.
« J’étais un peu nerveuse à l’idée de travailler dans un environnement essentiellement masculin, mais dès que j’ai une question, mes collègues sont toujours prêts à m’aider », explique-t-elle. « L’atmosphère est fantastique et j’adore travailler ici. »
LISA Wiedenhaus travaille dans un milieu essentiellement masculin, et cela ne lui pose pas le moindre problème. Pourquoi ? Parce que chez INEOS, le fait que Lisa est une femme est sans importance. Tout le monde est traité avec le même respect.
« Parfois, je m’aperçois que je suis la seule femme dans la salle de réunion, mais personne ne me le fait sentir », dit-elle. « Personne n’y attache d’importance. Homme ou femme, tout le monde a accès aux mêmes opportunités, est écouté, apprécié et pris au sérieux. » Lisa a officiellement rejoint INEOS en octobre 2016, après avoir décroché son diplôme à l’Université européenne de sciences appliquées de Brühl, en Allemagne.
Mais en réalité, elle travaillait déjà avec l’entreprise depuis trois ans, dans le cadre du programme d’études en alternance auquel elle s’était inscrite dès sa sortie du lycée, à 19 ans.
« Ce programme m’a permis de travailler tout en faisant mes études », explique-t-elle.
Aujourd’hui, elle est contrôleuse de la division énergie : elle est chargée d’examiner les résultats mensuels de l’entreprise Énergie de Cologne, et de fournir des analyses au directeur commercial pour l’aider à atteindre les objectifs fixés.
Elle produit aussi des rapports de gestion qui sont ensuite utilisés pour prendre des décisions financières.
Elle adore son travail. « Je n’arrive pas à penser à une seule situation ou à un seul un aspect du travail où être une femme pourrait être un désavantage », déclare-t-elle.
« Même après un congé maternité, la plupart des femmes réintègrent leur poste, ou dans tous les cas,
un poste très similaire, ce qui leur permet de reprendre facilement le travail. »
Même si elle se sent confiante et soutenue au travail, avoir l’opportunité d’échanger avec d’autres collègues de sexe féminin reste très précieuse à ses yeux.
« Nous pouvons partager nos expériences ou parler de nos problèmes. Mais il est tout aussi important de parler de nos victoires et de nos réussites », déclare-t-elle.
UN CERCLE D’IDÉES LES FEMMES D’INEOS REJOIGNENT LEAN IN, RÉSEAU EN PLEINE CROISSANCE FONDÉ PAR L'ANCIENNE DIRECTRICE DE L’EXPLOITATION DE FACEBOOK
L’ORGANISATION, fondée par l'ancienne directrice de l’exploitation de Facebook pour soutenir les femmes dans le monde du travail, continue de gagner en popularité. De plus en plus de femmes du monde entier créent aujourd’hui leurs propres Cercles Lean In pour parler des difficultés qu’elles rencontrent, prodiguer et recevoir des conseils, mais aussi célébrer leurs succès.
« Écouter une autre femme parler des obstacles qu’elle a surmontés est tellement encourageant, et c’est aussi comme cela qu’on trouve de nouvelles idées », explique Cassie Bradley, directrice commerciale du développement durable, qui a elle aussi créé un Cercle Lean In pour ses collègues féminines d’INEOS Styrolution, dans l’Illinois, aux États-Unis. Aujourd’hui, le petit groupe de femmes se réunit fréquemment.
« Les Cercles Lean In offrent de fantastiques opportunités de mentorat », ajoute-t-elle. « Nous partageons nos expériences, nos idées et notre feed-back, en cas d’échec comme en cas de victoire. »
Lean In a été fondé par Sheryl Sandberg, diplômée d’Harvard et mère de cinq enfants, qui a quitté son poste de directrice de l’exploitation chez Facebook l’année dernière pour se consacrer à son travail philanthropique.
En 2010, elle a donné une conférence TED dans laquelle elle exhortait les femmes à croire en elles et en leur propre avenir.
« Les femmes sous-estiment systématiquement leurs propres aptitudes », affirme-telle. « Un homme qui réussit vous dira qu’il le doit à son propre talent. Mais les femmes vous diront qu'elles doivent leur succès à des facteurs externes, qu’on les a aidées, qu’elles ont eu beaucoup de chance et qu’elles ont travaillé dur. » INEOS Köln, en Allemagne, a aussi récemment créé un Cercle Lean In.
« J’espère que cette initiative aidera vraiment mes collègues féminines à développer leurs compétences en communication et en leadership, et à défendre leurs besoins », déclare Anja Hilden, qui travaille dans l’industrie chimique depuis plus de 30 ans.
« Comme j’étais très souvent la seule femme dans le service, je n’avais aucun modèle féminin pour me guider, et je devais constamment m’inventer.»
LEANIN.ORG